Vivre des situations de cohabitation depuis la perspective d'autres vivants
Une Assemblée Pastorale (UAP)
UAP est développée avec un groupe de personnes concernées. Elle résulte d'une recherche initiée en 2017 par l'association Quartier Rouge pour se préparer au retour de louves et de loups sur la Montagne limousine avec Benoît Verjat (designer) et Boris Nordmann (artiste).
Une assemblée pastorale (UAP) est une pratique corporelle qui propose de vivre collectivement des situations concrètes de cohabitation depuis la perspective d'autres vivants afin de formuler des hypothèses, développer des savoirs incorporés et de l'entraide au sein d'une communauté de recherche pastorale.
En adoptant depuis son corps humain la perspective des membres du troupeau (vaches, chèvres ou brebis), de canidés sauvages ou domestiques, de renards, d'ongulés, etc., chacun·e fait l'expérience de paramètres locaux comme l’importance du caractère des individus animaux, les spécificités du paysage ou encore les effets des moyens de protection des troupeaux sur les émotions et les comportements. Les participant·e·s ne jouent pas un rôle, ielles n'ont pas d'idée préconçue des mouvements ou des comportements à adopter. Ils se mettent dans la peau d’une altérité animale, et depuis cet état, simplement se laissent vivre.
UAP se déroule en intérieur ou en extérieur dans un milieu exploré au préalable avec un·e habitant·e des lieux. La séance démarre par la formulation de questions situées à travailler lors de la séance. Après un échauffement qui vise à trouver ses entrées dans l'être animal, un temps de préparation va permettre d'entrer en contact avec les individus de son espèce. Suivra un temps de mouvement, en relation interspécifique, qui sera interrompue en fonction du cours de l'action par un temps de retour pour soi qui permet de revenir sur l'expérience sur un mode qui l'intensifie et prépare le partage avec d'autres. Après 2-5 cycles préparation—mouvement—retour pour soi, une sortie de l'être animal, puis un temps en duo qui permet de revenir sur l'expérience vécue, la séance se conclut par la formulation d’hypothèses suscitées par l'expérience.
Cette pratique transformative ouvre à la création commune de connaissances situées (tout aussi valables que les connaissances générales dérivées, par exemple, de l’éthologie) qui constituent la base d’un travail de dialogue territorial pour inventer des propositions, lancer des expérimentations ou accompagner la transformation du milieu et de ses habitant·e·s.