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Institut des Hautes Études pour les Pratiques et les Arts de Transformation

Epaissir l’expérience pour se laisser transformer

Comment faire face à l'accélération des changements systémiques, aux incertitudes et aux ambiguïtés d'un réel complexe et volatil ? Comment permettre aux organisations et aux individus de surmonter les stress et les désorientations auxquels ils sont soumis ?

Comment entretenir des redondances et de la diversité, nourrir des solidarités, des coopérations et des divergences pour remettre du commun et de l’harmonie dans les organisations ?

L’IHEPAT accompagne l’émergence des aptitudes requises pour s’engager dans ces  changements transformateurs. Le principe de la démarche consiste à partir du partage d'expériences originales pour apprendre à se laisser collectivement transformer par de nouvelles perceptions et par les questions inédites qu'elles suscitent.

Nos interventions ouvrent des voies pour aborder différemment les problèmes. Elles aident à trouver les ressources et les compétences pour épouser autrement la réalité. Cette souplesse adaptative suppose d'oser dépasser les croyances obsolètes par l'écoute de l'expérience sensible et de l’intelligence collective. Elle permet d'expérimenter une posture inédite qui peut devenir une source de transformation profonde induisant un changement de paradigme.

« Socrate, l’ironique, n’enseigne rien car il est ignorant : il ne rend pas plus savant mais il rend Autre. »
Pierre Hadot
« Notre idée centrale est celle de la construction de situations, c'est-à-dire de la construction concrète d’ambiances momentanées de la vie, et leur transformation en une qualité passionnelle supérieure »
Guy-Ernest Debord, « Rapport sur la construction des situations et sur les conditions de l’organisation et de l’action de la tendance situationniste internationale», juin 1957.

Nos approches holistiques reposent sur des processus d’intégration. Elles donnent à ressentir des manières d’être différentes de celles auxquelles on est habitué ou auxquelles on croit qu’on devrait se conformer. Elles n'invitent pas seulement à faire de nouvelles expériences, elles approfondissent surtout l’attention aux dimensions latentes qui émergent du vécu. Elles ouvrent à la joie et à la curiosité de sensations inattendues. Elles aident à gagner en finesse dans la compréhension des enjeux des transformations possibles. Elles permettent d’apprivoiser individuellement et collectivement les changements par une expérimentation qui laisse apparaître des alternatives.

« Ce n'est pas par hasard que la personne est appelée "nez" (...). Elle a appris à avoir un nez qui lui permet d'habiter un monde odoriférant (richement différencié). (...) L'acquisition d'un corps est une entreprise progressive qui produit à la fois un support sensoriel et un monde sensible. (...) [La personne] a appris à être affectée. »
Bruno Latour, "How to Talk About the Body? The Normative Dimension of Science Studies", 2004

Toute organisation préserve son homéostasie, c’est pourquoi elle “s'immunise” contre les changements qui menacent son identité. Pour explorer d’autres façons d’être, il est donc nécessaire de créer des conditions appropriées qui respectent ce principe. Les pratiques et les arts de transformation se déploient dans un contexte qui permet de suspendre les réflexes défensifs pour vivre les effets d’une sensibilité inconnue, éprouver de nouveaux liens, dévoiler des capacités insoupçonnées et s’ouvrir à d’autres avenirs.  La compréhension collective ainsi acquise amène des effets cohérents qui donnent une robustesse pérenne aux organisations.

« Sans auto-immunité, avec l'immunité absolue, plus rien n'arriverait. On n'attendrait plus, on ne s'attendrait plus, on ne s'attendrait plus l'un l'autre, ni à aucun événement. »
Derrida, Voyous, 2003
« L'avenir n'est pas au loin devant nous, mais à l'intérieur de nous. »
Joanna Macy

L’expérience connecte les choses de manière nouvelle. Épaissir l’expérience est un acte créateur de relations et de résonances analogiques à « échelle inconnue » entre des champs jusque-là séparés.

Les pratiques de l’IHEPAT mettent en place les conditions de cet épaississement de l’expérience. Elles sont intrinsèquement exploratoires, donnant à éprouver et à traverser de façon étonnante la texture du réel, reliant l’intellectuel et le sensible.

« L'action n'est pas un fardeau qu'il faut soulever et traîner sur nos épaules. C'est quelque chose que nous sommes. Le travail que nous avons à faire peut être considéré comme une sorte de retour à la vie. Plutôt qu'un impératif moral, c'est un éveil à notre vraie nature, une libération de nos dons. »
Joanna Macy